Chaque été, nous séjournions à la ferme de mon oncle Marc. C'était une de ces très vieilles chaumières de campagne avec une grange à moitié dévorée par l'âge et les intempéries. Eustache et sa femme n'élevaient guère plus que des poules et des chèvres et la partie toujours en état de cette grange leur suffisait amplement. Tante Sylvie passait ses journées à la confection de tourtes et de confitures qu'elle vendait ensuite au marché du village. Quant à son mari, il voyait au bien-être de ses bêtes et à sa culture de blé. Nous arrivions autour de la fin juin pour les vacances et ne repartions qu'à la mi-août. Pendant cette période, j'aidais mon oncle dans son travail au champ et ma femme écoulait son congé dans la maison principale avec ma tante. Le soir arrivait et Tante Sylvie se hâtait de se mettre à table afin de nous raconter tous les potins du village. Parmi ces histoires plus ou moins interressantes, il en fût une qui retint expressément mon attention : c'était l'histoire aux amourettes. Quoiqu'il s'agisse d'une histoire bien connue au village. Sylvie n'avait jamais abordé ce sujet devant nous auparavant. C'était une opprobre dont les villageois s'efforçaient de cacher la nature autant que possible. J'étais heureux que l'on me confie enfin quelque chose qui sortait de l'ordinaire. Il y avait donc, non loin du village, une ancestrale seigneurie qu'un célèbre artiste du cinéma avait acquit quelques années plus tôt. Depuis, à chaque week-end du mois de juillet s'y déroulait ce que l'on soupçonnait être de fabuleuses orgies. Intrigué au plus haut point, je me promis de m'y rendre dès le samedi suivant. Le jour tant attendu arriva enfin et je partis très tôt après le dîner, prétextant vouloir profiter d'un magnifique coucher de soleil pour faire une promenade. Je piquai d'abord droit vers le village et me mêlai à des jeunes gens du petit café afin d'en apprendre, si possible, relativement à cette affaire. Malheureusement tout ce que je sus concernait la façon de m'y rendre. Je pris donc d'après leurs indications la route du manoir. Je marchai pendant une vingtaine de minutes dans un chemin serpentant et bordé de hauts peupliers lorsque j'aperçus les pignons de ce qui avait dû être une chapelle. Une musique aux rythmes ensorcelants s'échappait d'un volet entrouvert. Je voyais maintenant la totalité de cette immense maison au flanc de laquelle s'harnachait effectivement une modeste chapelle. La musique ainsi que des éclats disparates de voix provenaient justement du volet de ce petit sanctuaire. Je m'y dirigeai le plus discrètement possible et me rendis compte qu'il n'y avait nulle surveillance autour de la demeure. Aucune muraille, aucune grille, pas de traces de chiens méchants ou de gardiens férocement armés. Rien d'autre que cette grandiose résidence, dressée au beau milieu d'un pré broussailleux, entourée de rocailles colorées et bien entretenues ainsi que de pots de fleurs suspendus aux nombreuses fenêtres. Je me glissai sans gêne vers les volets bleus de l'ancien lieu de prières, me laissant guider par l'appel continu des tam-tams et la voix feutrée d'une femme d'un autre monde. Je cherchai à voir à travers un rideau de dentelle blanche, chahuté par une douce brise mais ne saisis que des mouvements furtifs sans pouvoir en identifier les protagonistes. Des rires suaves me vinrent aux oreilles et je cru que l'on s'adressait à moi. Viens ami me sussurait une voix et je pris la direction de l'entrée. Je poussai une lourde porte de fer ornée d'une croix mauve, portant un Christ en dessous féminin qui me sembla plus en extase qu'en souffrance. Le spectacle qui s'offrit alors à moi me mit tout de suite en humeur : trois splendides jeunes déesses se caressaient dans une baignoire de mousse sous laquelle j'entrevoyais aisément les boutons roses de leur poitrine. J'en fus immédiatement troublé et mon pantalon me trahit sur le champ. J'entendis un oh ! coquin à mon endroit et une main se ferma sur mon épaule avant de me pousser à l'extrémité de la pièce. J'entrai alors dans ce qui avait sans doute été la sacristie. Un mur entier se couvrait de petites niches en bois, travaillées à l'origine de motifs religieux et maintenant de scènes orgiaques. Elles avaient dû faire office de reliqauts à une autre époque. Le caractère sacré de cette pièce que l'on profanait outrageusement m'excitait de façon singulière. Au milieu de la pièce se dressait une sorte de trône représentant un homme à quatre pattes, l'arrière-train largement offert, sur lequel prenait place une femme assez
MARDI 28 SEPTEMBRE 2004
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